Dans un monde où la surveillance institutionnalisée des individus est un risque palpable, quels pourraient en être les garde-fous ?
Soyons clair, il n’y a pas ou peu de garde-fous sérieux à l’échelle globale. Ils restent très limités, voire symboliques pour la plupart, au regard de la puissance d’action déployée par les géants américains du secteur, et leurs sponsors gouvernementaux. NSA y-compris.
Les intérêts commerciaux et les enjeux régaliens de puissance sont proprement gigantesques. Ils ne sauraient donc être aisément contrecarrés ou contournés. Les pays européens ne donnent pas le sentiment d’être en capacité d’agir ou de s’opposer à quoi que ce soit en la matière. La pression exercée en coulisse étant énorme. En outre, les futurs accords TAFTA ne devraient pas améliorer la situation et sans aucun doute accélérera même une certaine forme de « colonialisme numérique américain 2.0 », fort justement évoqué par Stéphane Richard, le valeureux PDG d’ORANGE.
Comme chacun le sait, les moteurs de recherches sont ainsi déjà capables de guider individuellement chaque utilisateur dans ses recherches par le biais d’algorithmes – et corrélativement de le pister en retour – afin de le mener tout droit vers ses préférences personnelles prédictibles, en fonction de ses inclinaisons propres. Ces algorithmes sont très schématiquement déjà en mesure « d’apprendre » de leurs erreurs et de « s’améliorer » en continue. Les habitudes de navigation ne sont donc plus un secret pour personne. Et nos comportements collectifs sont ainsi épiés et analysés à très grande échelles, pour des usages commerciaux à venir et des objectifs sécuritaires qui n’en sont encore qu’au stade du développement…
A l’image de l’univers liberticide et concentrationnaire du film de Steven Spielberg : « Minority Report ». Nouvelle de science-fiction visionnaire du génial Philip K. Dick, publiée pour la première fois en janvier 1956. Ces problématiques ne datent donc pas d’hier, et s’actualisent désormais quotidiennement…
Par :
Franck Decloquement
Franck DeCloquement est expert en intelligence économique pour le groupe Ker-Meur
ancien de l’Ecole de Guerre Economique de Paris (EGE).
Professeur à l‘IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) pour le Master 2 IRIS Sup’ en « Géo-économie et intelligence stratégique », diplôme délivré conjointement par l’IRIS Sup’ et l’ESC Grenoble,
Franck DeCloquement est aussi conférencier sur les menaces émergentes liées aux actions d’espionnage, et les déstabilisations de nature informationnelle et humaine.